Le monde traverse une période de mutations profondes, offrant un terrain d’étude aussi fascinant que complexe. Mon travail se situe à l’intersection de ces transformations, explorant les dynamiques qui façonnent notre avenir collectif. Il s’articule autour de plusieurs axes complémentaires et prospectifs : Polycrise, résilience, intuition & science post-normale.

L’objectif est double : d’une part, mieux comprendre les vulnérabilités et les seuils critiques qui menacent nos sociétés et la biosphère ; d’autre part, identifier les leviers de transformation qui peuvent renforcer notre capacité d’anticipation et d’adaptation.

Polycrise

Situation de convergence et d’amplification de multiples crises, entraînant des défis systémiques

Ces dernières décennies, le vocabulaire de l’analyse des crises systémiques globales s’est considérablement enrichi, donnant naissance à un champ lexical scientifique florissant. Des concepts comme l’anthropocène/capitalocène, les frontières planétaires (planetary boundaries), ou les problèmes pernicieux (wicked problems) ont proliféré, transcendant les frontières disciplinaires.

Au cœur de ces démarches, les sciences de la complexité offrent des outils essentiels pour identifier les points de bascule (tipping points), analyser les boucles de rétroaction, ou encore étudier les interactions (nexus) entre systèmes sociaux et écologiques. Un aspect crucial des recherches récentes est l’analyse des défaillances en cascade (cascading) ou simultanées (synchronous) qui évalue les impacts actuels et futurs sur les chaînes d’approvisionnement, les infrastructures critiques et les écosystèmes. Les scénarios envisagés vont d’effondrements localisés à des ruptures globales, y compris des menaces existentielles pour notre espèce. Une prospective rigoureuse gagne à intégrer ces hypothèses, même les plus extrêmes.

Une évaluation des risques et des dynamiques d’effondrements écologiques et sociaux (collapso-logie) est essentielle pour concevoir des réponses adaptées, démocratiques et solidaires (collapso-praxis). Au-delà de l’aspect scientifique, cette démarche nous invite à repenser notre rapport au monde et à explorer la place des émotions et de la spiritualité face à ces défis (collapso-sophie).

Je partage une bibliographie sur ces sujets.

Résilience

Capacité à encaisser les chocs et à se transformer

Lorsque des catastrophes frappent un territoire, toutes les communautés ne font pas preuve de la même résilience. D’où vient cette capacité de rebond ? Mon intérêt porte sur deux facteurs clés : la mémoire collective (vécus des événements passés) et le capital social (bonding, bridging, linking).

Ma démarche s’inscrit dans une conception transformatrice de la résilience centrée sur les populations locales, leurs besoins et leurs aspirations propres, tout prenant en considération les relations de pouvoir et les inégalités qui les traversent.

A travers le partage de vécus, les commémorations ou les élans de solidarité, les communautés résilientes puisent dans leur capital social pour se reconstruire. L’objectif est de mieux comprendre les ressorts de cette propriété émergente. Mais aussi de réfléchir à comment pouvoirs publics et collectifs citoyens peuvent la nourrir.

Intuition

Faculté complémentaire à la raison et indispensable pour renforcer nos capacités d’anticipation

L’intuition est bien plus qu’un mode cognitif secondaire. C’est une faculté qui peut nous aider à faire des associations inattendues et à capter des signaux imperceptibles dans un monde de plus en plus complexe. Des travaux en psychologie cognitive et en neurosciences révèlent, par exemple, le rôle crucial de l’intuition dans la prise de décision dans des environnements VUCA (Volatils, Incertains, Complexes et Ambigus).

En connectant des informations éparses logées dans notre mémoire associative, l’intuition fait jaillir des idées neuves et repousse les frontières de la créativité. Elle peut être un atout pour renforcer nos capacités d’anticipation et d’adaptation, et aiguiser notre perception des futurs possibles.

Depuis près de quatre siècles, nous cultivons la pensée rationnelle et analytique, à une échelle collective. Et si nous faisions pareil pour l’intuition ? Il ne s’agirait pas de soustraire la première faculté au profit de la seconde, mais d’additionner leurs forces (et reconnaître leurs faiblesses). Sous cet angle, la pensée intuitive, son rôle dans un groupe et les moyens de la valoriser socialement apparaissent comme un domaine de recherche peu exploré. L’idée est de concevoir et mettre en place des dispositifs expérimentaux pour aborder ces questions.

Science-post-normale

Approche scientifique adaptée à la complexité des enjeux du XXIe siècle

La science « post-normale » constitue le cadre général dans lequel s’inscrit ma démarche. Face à la complexité des défis contemporains, elle promeut des approches résolument transdisciplinaires et ouvertes sur la société, comme par exemple, la Recherche Action Participative (RAP).

Ce concept a émergé dans les années 1990 pour dépasser les limites des approches scientifiques conventionnelles sur des problèmes caractérisés par de fortes incertitudes et une pluralité de visions du monde.

Dans cette perspective, le processus scientifique intègre les regards de différentes disciplines sur les problématiques mais aussi ceux des experts, des décideurs et de la société civile, en valorisant les savoirs traditionnels et les points de vue des différentes cultures.